Découverte - La Singulière cantine du capitaine Paul Bazinet
D’Hector s’emparant des armes de Patrocle devant les remparts de Troie à Obélix et sa colossale collection de casques romains, la prise de trophées de guerre est une tradition militaire multimillénaire. S’inscrivant dans cet héritage, les combattants de la Seconde Guerre mondiale récupèrent sur les vaincus divers objets : dagues, médailles, morceaux d’uniformes, etc. Au–delà de l’aspect commémoratif de la victoire, certains, comme le capitaine Paul Bazinet, allient prise de guerre et besoin pratique. Plongez ici dans les multiples vies d’une singulière caisse de munitions allemande.
Né le 22 mars 1915, Paul Bazinet suit toute sa scolarité à Orléans, avant d’intégrer en 1937 l’École Militaire Spéciale de Saint–Cyr en tant qu’élève–officier. Muté au Troisième Régiment de Tirailleurs Algériens suite à l’Armistice du 22 juin 1940, il intègre l’Armée Française de la Libération en 1943. Après avoir participé à la Campagne de Tunisie, il débarque à Naples en janvier 1944 et remonte jusqu’à Sienne, en Toscane, où le général De Gaulle le décore personnellement de la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur. Pas de repos pour les braves : le 16 août 1944, il foule de nouveau le sol métropolitain à Saint–Tropez et poursuit les combats jusqu’en Alsace.
Après une victoire face à l’armée allemande, Paul Bazinet s’approprie sur le champ de bataille une caisse de munitions de mortier 50 millimètres GR.36. De ce contenant à obus, il confectionne une cantine en la personnalisant légèrement. Repeinte en vert pomme, il l’orne au pochoir d’inscriptions blanches : CAPITAINE BAZINET, 3ÈM RTA. Envoyé quelques années plus tard dans le Tonkin secoué par la guerre d’Indochine, il est blessé au ventre au cours d’une opération et décède le 15 juin 1949 à Hanoï, laissant derrière lui cette inspirante reconversion de matériel militaire, témoignant aujourd’hui au musée du vaillant engagement d’un jeune homme dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale.