Des étrangers dans la Résistance
DES ÉTRANGERS DANS LA RÉSISTANCE EN FRANCE – PORTRAITS
En ce 21 février 2024, la République Française accueille entre les vénérables murs du Panthéon les résistants Missak et Mélinée Manouchian. À travers cet hommage national, ce sont tous les étrangers engagés dans la Résistance qui sont honorés. Joignez–vous à cette commémoration en partant à la rencontre de Janina Zawinowska, épouse Coilbault, et de Joáquin Cortès, résistants du Loiret.
Née le 23 novembre 1921 à Kaplica Matan, en Pologne, Janina Zawinowska n’a pas 8 ans lorsque sa famille émigre en France et emménage à Angevillers, un bourg industriel minier de Moselle. Le 29 novembre 1937, elle épouse Raymond Coilbault et s’installe à Saint–Gondon. De leur union naissent rapidement deux enfants. Fait prisonnier pendant la Bataille de France et interné au Stammlager VIII C de Breslau, en actuelle Pologne, Raymond s’évade le 17 septembre 1943 et rejoint la France. Une fois réunis, Janina et Raymond montent un groupe de résistants à Cerdon. Janina se charge des missions de liaison, tout en rassemblant armes et munitions pour le Maquis de Coullons.
Dans la nuit du 29 au 30 juin 1944, elle est arrêtée chez elle par la Feldgendarmerie, puis déportée par le convoi I.249 du 18 juillet 1944, partant de Gare de l’Est pour le camp de Saarbrücken Neue Bremm. Transférée au camp de concentration de Ravensbrück et affectée au Kommando de Belzig, elle est contrainte de travailler dans l’usine de munitions de Roederhof. Le 25 avril 1945, les déportées sont évacuées du camp à pied et soumises à une marche de la mort. Atteignant le Stammlager XI A d’Altengrabow, Janina et ses camarades de déportation sont enfermées dans une bergerie. Libérée par les troupes américaines et rapatriée en France, Janina rejoint la Gare de Gien le 11 mai 1945. Sa famille ignorant tout de son sort, elle rejoint Saint–Gondon seule, épuisée par la déportation et ne pesant plus que 35 kilogrammes. Quelques mois plus tard, elle voyage en Lorraine pour revoir ses parents, Marja et Kasimierz, qui décident de retourner vivre en Pologne. Janina, elle, reste en France jusqu’à son décès, le 21 mars 2020, et est inhumée à Saint–Gondon, aux côtés de Raymond.
Joáquin Cortès, lui, naît le 12 novembre 1918 à Villa del Rio, en Espagne. Âgé de 18 ans lorsque la guerre civile embrase son pays, il combat dans le camp des républicains espagnols contre les rebelles nationalistes menés par Franco, participant notamment à la décisive Bataille de l’Èbre à l’été 1938. Suite à la chute de Barcelone, il passe la frontière franco–espagnole avec son frère Manuel pour échapper à la sanglante répression franquiste. En France, ils rejoignent Châteauneuf–sur–Loire et sont recrutés pour travailler sur un chantier forestier de Bouzy–la–Forêt. Entré en contact avec la résistance locale, Joáquin devient agent de liaison pour le Maquis de Lorris. Le 14 août 1944, alors que le maquis est encerclé par 500 soldats allemands du Régiment de Sécurité 1010, Joáquin Cortès est abattu sur la Route de la Noue Sablée. Une semaine plus tard, son frère vient identifier sa dépouille et l’enterre à Bouzy–la–Forêt. Il n’avait que 26 ans. Mort pour la France.